Assurance auto: Alerte sur la hausse de la sinistralité
Par Franck FAGNON | L'Economiste Edition N°:5820 Le 10/08/2020
Le ratio combiné RC Auto à 93% en 2019
Deux gros réseaux démantelés par Allianz Maroc
Le secteur fragilisé par la rigidité tarifaire de la couverture
L’assurance Responsabilité civile (RC) automobile était jadis considérée comme la vache à lait des assureurs, ces derniers n’hésitant pas à faire jouer aux garanties annexes le rôle de produit d’appel quitte à les vendre en dessous du prix de revient.
A la flambée de la sinistralité, il faut ajouter la fraude aux dimensions
presque industrielles. Le marché estime qu’au moins 20% des indemnisations
dans la branche auto seraient frauduleux (Ph. L'Economiste)
Aujourd’hui, la marge sur la RC auto a fondu. Le ratio combiné(1) moyen
s’est dégradé de 7,4 points au cours des quatre dernières années à 93%. En
intégrant les garanties annexes, le ratio combiné de la branche auto frôle
100%, voire dépasse ce seuil chez certaines compagnies.
L’alerte est régulièrement lancée au cours des conférences des résultats
financiers, les compagnies mettant en garde contre la «sortie de route de la
branche auto». A la flambée de la sinistralité, il faut ajouter la fraude
aux dimensions presque industrielles. Le marché estime qu’au moins 20% des
indemnisations dans la branche auto seraient frauduleux. Les acteurs qui
sauront apporter une riposte à la fraude sont ceux qui sauvegarderont leur
profitabilité.
Chez Allianz Maroc, pour contrer ce fléau, le management a déployé de gros
moyens avec le soutien de la maison mère et l’appui du cabinet McKinsey. La
gestion d’une partie des sinistres a été rapatriée au siège et les process
de gestion des sinistres ont été revus de fond en comble. Un outil
d’intelligence artificielle anti-fraude développé par le groupe Allianz
permet à sa filiale de mieux décrypter les sinistres et de détecter avec
plus de réactivité les dossiers frauduleux.
Un an après son implémentation, les résultats ont été spectaculaires, confie
le directeur général d’Allianz Maroc, Joerg Weber. La compagnie a triplé les
détections de dossiers de fraude avérés. D’ailleurs deux gros réseaux (à
enjeux financiers importants) viennent d’être pris dans la nasse. Ils ont
été traduits devant les tribunaux. Les procédures sont actuellement en
cours. C’est aussi un message de dissuasion que veut envoyer l’assureur à
ceux qui ont fait de la fraude à l’assurance un business-model. Les montages
vont de la toute petite combine classique (fausses factures, fausses
déclarations, surestimations des dommages…) à des opérations sophistiquées
impliquant plusieurs complicités. En gros, des réseaux organisés. La
compagnie assure avoir relevé une certaine accélération pendant la période
de confinement.
Dès que la fraude est avérée, quel que soit l’intervenant et son niveau –
agent, courtier ou collaborateur en interne, expert –, la rupture de la
collaboration est immédiatement prononcée, confie le management d’Allianz
Maroc qui insiste sur la tolérance zéro face à ce phénomène. Par ailleurs,
les personnes impliquées engagent directement leur responsabilité
pénale.
La sinistralité automobile est sur une pente inquiétante depuis quelques
années. La profession redoute qu’elle ne grève durablement la capacité
bénéficiaire du secteur. Toutes les compagnies ont déployé des dispositifs
pour contenir cette menace à leurs équilibres financiers. Malgré ce tableau,
le citoyen lambda reste persuadé que les compagnies d’assurances réalisent
des marges substantielles, constate Joerg Weber. «Mais en vérité, en mettant
en face les investissements, une marge de 4-5%, c’est très bien».
Il rappelle au passage que la marge technique du secteur est négative,
«heureusement nous ne sommes pas encore dans un contexte de taux d’intérêt
négatif comme en Europe». A long terme, dans l’IARD (incendie, accidents et
risques divers), la marge sur primes se situe autour de 5%. Or, pour la
branche auto, l’évolution de la sinistralité a absorbé toute la marge.
Si les assureurs n’ont aucun levier d’action sur le tarif de la RC auto, ils
peuvent néanmoins agir sur les garanties annexes ou les franchises... Dans
la foulée de la libéralisation du tarif auto en 2006, de nouveaux critères
de différenciation des tarifs devaient être publiés par le régulateur.
Quatorze ans après, toujours rien. Le fait que les assurés paient une RC
calculée sur la base de critères figés n’est pas normal, mais en plus cela
induit une situation injuste. Par exemple, un assuré qui roule dans une
voiture de luxe en ville supporte proportionnellement le même tarif que
celui qui a une petite voiture à la campagne. L’assurance étant sur le
principe de la mutualisation, un conducteur de la petite voiture couvre
ainsi une partie des dégâts causés par un assuré qui possède une voiture
haut de gamme.
Le régulateur doit composer avec des résistances
L’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (Acaps)
est sensible à la demande d’extension des critères de tarification, mais il
semble que le statu quo actuel (qui dure depuis 14 ans) tient aussi à des
résistances au sein du secteur. Sans l’assumer, certains dans la profession
redoutent que l’extension de la tarification à des critères comme l’âge, les
antécédents,… ne déclenche une guerre tarifaire.
«A court terme, c’est probable, mais à moyen terme, la situation
redeviendrait normale car au final, l’auto-discipline finira par
l’emporter», tempère un professionnel. Asseoir la concurrence sur les
garanties annexes uniquement fausse l’analyse de la sinistralité et empêche
une réelle compétition entre les compagnies, analyse un assureur. Ce qui, au
final, constitue une forme de prime aux mauvais conducteurs.
Le tarif de l’assurance obligatoire «RC automobile» est libre depuis le 6
juillet 2006, rappelle l’Acaps. Ainsi, les assureurs peuvent librement fixer
leurs tarifs, «mais les critères de tarification, fixés par voie
réglementaire, restent figés et nous travaillons sur l’élargissement de la
liste de ces critères à de nouvelles caractéristiques liées à l’assuré et au
véhicule», concède l’Autorité des assurances. Pour elle, la règlementation
actuelle ne fait pas obstacle à la concurrence dans la branche automobile. A
défaut de nouveaux critères de tarification, une hausse de la prime
d’assurance sera inévitable, prévient un professionnel.
F.Fa
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(1) Le ratio combiné est la combinaison du ratio de sinistralité (charges de
sinistres/primes acquises) et du taux de frais (charges d’acquisition et
autres charges techniques d’exploitation/primes émises).
Pour plus d’informations, contacter :
Meryem Hammouch - Allianz Maroc - 05 22 42 14 27-meryem.hammouch@allianz.com
A propos d’Allianz
Le Groupe Allianz est l’un des plus grands assureurs et gestionnaires de
fonds au monde avec plus de 92 millions de clients particuliers et
entreprises. Les clients d’Allianz bénéficient d’une large gamme de services
d’assurance aux particuliers et aux entreprises, allant du dommage à la
santé, à l’assurance-crédit et aux programmes d’assurance internationaux.
Comptant parmi les plus grands investisseurs à l’échelle internationale, le
Groupe Allianz gère un portefeuille d’investissement de 673 milliards
d’euros pour le compte de ses clients tandis que ses filiales gestionnaires
de fonds Allianz Global Investors et PIMCO gèrent un portefeuille
additionnel de 1,4 milliards d’euros d’actifs pour le compte de tiers. Grâce
à son intégration systématique de critères écologiques et sociétaux dans ses
processus d'affaires et nos décisions d'investissement, le groupe Allianz
détient la position de leader parmi les assureurs dans le Dow Jones
Sustainability Index. En 2018, plus de 142.000 collaborateurs dans plus de
70 pays ont contribué à réaliser un chiffre d’affaires de 131 milliards
d’euros et un bénéfice opérationnel de 11,5 milliards d’euros.