IDE, Clima des Affaires, Tourisme... le Chef économiste d'Allianz, Ludovic Subran partage ses pronostics pour l'année 2023

Casablanca, le 26 janvier 2023
  • Une croissance de l'économie marocaine d'environ 3% pour 2023
  • Récoltes agricoles et prix des matières premières... facteurs permettant de réduire le déficit extérieur
  • Défaillances d’entreprises, sécheresse, tensions diplomatiques... les principaux risques

 

Tout d’abord, quels sont vos pronostics économiques pour 2023 ?                                                                                                                                                                                  

Selon nos prévisions, la croissance économique mondiale ralentira à +1,4% en 2023, après avoir atteint +2,9% en 2022. L’intensification de la crise énergétique en Europe, qui contribuera fortement à l’inflation mondiale cette année (6,4%) et le durcissement des politiques monétaires à travers le monde, qui freinera l’accès au crédit des ménages et des entreprises, pèseront sur l’activité économique globale.

Pandémie, guerre… les crises se succèdent. Quels sont les enseignements à tirer de ces événements et surtout les moyens de consolider la reprise ?                     Les crises successives que nous vivons remettent en cause certains facteurs que nous pensions comme acquis : la mondialisation, le fonctionnement sans accroc des chaînes de valeur globales ou encore l’abondance des matières premières. Les entreprises et les Etats doivent désormais mettre en place des politiques qui leur permettent d’être résilients face à ces chocs (diversification des fournisseurs, couverture du risque, transition énergétique, etc.).

La Chine ouvre ses frontières, cela devrait permettre de redynamiser le commerce mondial ?                                                                                                                         L'abandon de la politique zéro Covid en Chine est en effet bénéfique pour la croissance mondiale et les échanges commerciaux. D'une part, l’arrêt de confinements (même localisés) réduit le risque de disruption dans la production et les chaînes de valeur mondiales. D’autre part, la réouverture de la Chine implique une normalisation dans la confiance des ménages et leurs habitudes de consommation. Cela dit, ces facteurs positifs ne sont pas suffisants pour compenser le fort ralentissement de demande dans d’autres zones du monde (les Etats-Unis, l’Europe). La croissance du commerce mondial devrait donc baisser significativement en 2023 (environ +1% en volume) par rapport à 2022 (près de +4%).

La faiblesse de la croissance économique pourrait-elle avoir des effets négatifs sur les défaillances d’entreprises dans le monde ? (Et au Maroc ?)                          Le regain de faiblesse attendu côté croissance économique pour 2023 a toutes les chances d’avoir des effets négatifs sur les défaillances. D’abord parce que pour une majorité de pays, nous n’avons vu en 2022 qu’une partie de la « normalisation » qui était mécaniquement attendue avec la fin progressive des mesures de soutien liées au Covid-19 et que rares sont ceux déjà revenus à leur volume annuel de défaillances d’avant pandémie. Ensuite parce que les dynamiques de croissance risquent d’être très inférieures à celles historiquement constatées comme nécessaires pour simplement stabiliser les défaillances. Enfin, et surtout, parce que cet affaiblissement de demande mondiale s’inscrit dans un contexte de hausses de coûts d’exploitation (intrants, énergie, salaires), de perturbations côté approvisionnements (dépendance, taux de change) et de renchérissement des emprunts et de la dette. Autant de menaces sur la résilience des entreprises, malgré les réserves accumulées depuis la reprise, qui sont propices à une nouvelle poussée des faillites, attendue autour de +20% au plan mondial, avec le risque d’un nouveau record historique au Maroc après une année 2022 déjà marquée par plus de 12.000 faillites.

Que pensez-vous des décisions des banques centrales pour faire face à l’inflation ?                                                                                                                                                Les banques centrales se sont engagées dans des politiques agressives de remontées des taux afin d’endiguer l’inflation. Chaque région, chaque pays est confronté à des difficultés différentes et les sources de l’inflation sont également différentes. En Europe, la remontée des taux ne résoudra pas la crise énergétique. Aux Etats-Unis, l’action de la Fed devrait freiner l’économie et permettre un fort ralentissement de l’inflation. Dans les pays émergents, la remontée des taux devrait refroidir la demande intérieure, associé à une baisse du dollar, ces politiques devraient porter des résultats.

Plusieurs institutions s’attendent à un rebond de la croissance marocaine et donc un rattrapage rapide. Quelles sont vos projections ?                                                En 2023, nous prévoyons une croissance de l'économie marocaine d'environ 3%, les récoltes agricoles et les prix des matières premières étant les principaux facteurs permettant de réduire le déficit extérieur, car la production agricole et les pressions inflationnistes devraient se normaliser. Les principaux risques qui pèsent sur les perspectives sont une nouvelle sécheresse, une remontée des prix des matières premières et une augmentation des tensions diplomatiques avec les pays voisins et l'UE. Les subventions de l'État, notamment sur le gaz butane et les denrées alimentaires, joueront également un rôle. Une meilleure répartition des subventions pourrait accélérer la croissance - le FMI a calculé que les 40% les plus pauvres de la population recevaient moins de 20% des fonds consacrés aux subventions pour le carburant.

Quelles sont les réformes à entreprendre au Maroc notamment en ce qui concerne le climat des affaires ?                                                                                                    Les mesures prises pour réformer les entreprises publiques, ainsi que l'opérationnalisation du Fonds Mohammed VI et la mise en œuvre de la nouvelle Charte d'investissement sont largement considérées comme des catalyseurs potentiels de l'investissement direct étranger. S'il reste beaucoup à faire pour remédier à la raréfaction des ressources en eau, les progrès réalisés dans la libéralisation du marché de l'électricité devraient accélérer la transition vers les énergies renouvelables. D'autre part, les milieux d'affaires surveillent de près la protection des droits de propriété et l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Existera-t-il un impact sur les échanges commerciaux et les investissements directs étrangers (IDE) ?                                                                                                                  De meilleures perspectives de croissance domestique et mondiale devraient aider le secteur extérieur du pays. Le tourisme est un point fort, avec des investissements nationaux et internationaux dans le secteur dépassant déjà les niveaux prépandémie -8,5 milliards de DH (843 millions de dollars US) en 2022. Les perspectives à moyen terme restent modérément favorables, reflétant en partie la base d'exportation de plus en plus diversifiée du Maroc et des perspectives de croissance à moyen terme meilleures dans la zone euro, qui est le principal marché extérieur du Maroc. À plus long terme, compte tenu de sa proximité géographique avec l'UE et de sa population jeune, le Maroc devrait être en bonne position pour attirer les investissements des entreprises qui cherchent à se délocaliser pour réduire les coûts de production. Il est probable que les liens avec l'UE s'intensifient à long terme, avec la reprise des négociations sur une zone de libre-échange approfondie et complète. Toutefois, les progrès seront lents, en raison des tensions diplomatiques sur le statut du Sahara.

Pour plus d’informations, contacter :
Imane Cherki - Allianz Maroc - 05 22 49 97 04 - imane.cherki@allianz.com 
 

À propos de Ludovic Subran                                                                                                                                                                                                                                                       

Ludovic Subran est le chef économiste d'Allianz, premier assureur et investisseur en Europe. Avant de rejoindre Allianz, il a travaillé pour la Banque mondiale, le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies et le Ministère français des Finances. Ludovic est membre du Conseil d’Analyse Économique auprès de la Première Ministre (Ph. L.S.).

À propos d’Allianz (www.allianz.com)                                                                                                                                                                                                                                                Le Groupe Allianz est l’un des plus grands assureurs et gestionnaires de fonds au monde avec 120 millions de clients particuliers et entreprises dans plus de 70 pays. Les clients d’Allianz bénéficient d’une large gamme de services d’assurance aux particuliers et aux entreprises, allant du dommage à la santé, à l’assurance-crédit et aux programmes d’assurance internationaux. Comptant parmi les plus grands investisseurs à l’échelle internationale, le Groupe Allianz gère un portefeuille d’investissement de 802 milliards d’euros pour le compte de ses clients tandis que ses filiales gestionnaires de fonds Allianz Global Investors et PIMCO gèrent un portefeuille additionnel de 1,9 trillions d’euros d’actifs pour le compte de tiers. Grâce à son intégration systématique de critères écologiques et sociétaux dans nos processus d'affaires et ses décisions d'investissement, Allianz détient la position de leader parmi les assureurs dans le Dow Jones Sustainability Index, lancé le 12.11.2021.  En 2020, plus de 150,000 collaborateurs ont contribué à réaliser un chiffre d’affaires de 140 milliards d’euros et un bénéfice opérationnel de 10.8 milliards d’euros.

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Allianz est actuellement présent dans 12 pays africains et accompagne ses clients sur 49 marchés à travers le continent. 

À l'échelle régionale, le Groupe a généré un chiffre d'affaires total en 2020 de 700 millions d'euros (hors AGCS).

49 marchés : Des solutions panafricaines

12 pays : Dont/Comprennent/Incluent l'Afrique du Sud, l'Égypte et l'île Maurice 

GWP 2020 : AGCS SA= 40mn€ ; AZAF= 371mn€ ; Egypte= 299mn€ ; Ile Maurice = 12,6 me€.

Employés : AGCS SA=48 ; AZAF= 1167 ; Egypte=639 ; Ile Maurice = 808